Comme Blondin il aimait la langue française, enfin toutes ses formes même les moins conventionnelles. Atavisme montalbanais ancré avec les Tontons flingueurs et son début inoubliable : « On ne devrait jamais quitter Montauban » ? Difficile de savoir, mais le penchant pour les mots se poursuivit avec le plaisir des formules, des jeux de mots et de néologismes. L’argot libère la langue et le style se fait alors coloré, de ses couleurs qui viennent avec un bon repas et un savoureux vin.

« Un homme d’espérance ne devrait jamais s’égarer dans le concret…L’âme des affaires c’est l’abstrait… Mis à part le traité de Versailles toute l’encyclopédie de la fiction marloupine sort d’ici… » (Quand passent les faisans)

 

Philippe Durart, Le Petit Audiard illustré, Nouveau Monde, 207 pages, 2011

Pierre-Jean Lanery, Les Tontons flingueurs, Milan, 94 pages, 2009

Stéphane Germain , le dico flingueur des tontons, Hugo, 160 pages, 2013

Stéphane Germain, l’encyclopédie Audiard, Hugo, 285 pages, 2012

Michel AUDIARD, 1920-1985

Le dialoguiste
Poète, trompettiste, compositeur, auteur en tous genres, du romancier au parolier, ce touche à tout enchante et nourrit ma sortie de l’adolescence. Du Déserteur aux Bâtisseurs d’Empire (théâtre, ou le Schmürz, L’Arche 68 pages), du Loup-garou à J’irai cracher sur vos tombes, et tant d’autres textes, il a composé sans le savoir une atmosphère que beaucoup ont respiré avec gloutonnerie. Mention spéciale aux poétiques paroles de « je voudrais pas crever… » Deux interprétations majestueuses de Pierre Brasseur et de Serge Reggiani.

« Je voudrais pas crever avant d’avoir connu les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver, les singes à cul nu dévoreurs de tropiques… »

 

Boris Vian, J’irai cracher sur vos tombes, C Bougois, 209 pages, 1973

Boris Vian, Le loup-garou, 10-18, 186 pages, 1972

28 chansons de Boris Vian, Jacques Canetti, 1988

une heure passée avec Boris Vian, CD Adès, 1976-1987

Boris Vian, Mercury, 2001

Serge Reggiani chante Boris Vian, Jacques Canetti, 1965-2002

Yvan Croizier, le prix du Blasphème Boris Vian, e/Dite, 190 pages, 2005

Nicole Bertolt, Boris Vian le swing et le verbe, Textuel, 240 pages, 2009

Boris VIAN, 1920-1950

Touche à tout enivrant
Une tête ronde, un visage marqué d’un trait de moustache, une diction parfaite et une maitrise de bien des registres de la comédie. Un éveilleur, un humoriste déchiré. Partenaire de Pierre Dac, co-fondateur du Parti d’en rire, spécialiste de canulars téléphoniques et aussi…poète.

 

Francis Blanche, Claude Villers, Denoël, 232 pages, 2000

Francis Blanche, Mon ourson et moi, Le Castor Astral, 192 pages, 2005

Francis BLANCHE, 1921-1974

Ecrivain, parolier…acteur
Encore un polyvalent. Animateur de radio, humoriste décapant, acteur, réalisateur et rapporteur attentif de la connerie.

« Moi, je crois pas beaucoup à ces histoires de bon dieu, de machin, de curé et tout ça, mais franchement si Dieu veut se manifester auprès de moi, je veux bien en croquer, y a pas de problèmes. S’il veut m’arranger mon coup avec des trucs, des contraventions, des impôts…s’il veut m’avoir des tarifs dans les avions j’en croque ! Evidemment, si on se met à parler religion avec lui comme Moïse et les autres, là, ça doit être chiant, mais si on se contente de lui demander les numéros gagnants du loto, là pas de problème ».

 

Dominique Roux, La France de Jean Yanne, Pierre G. de Roux, 178 pages, 2015

Jean Yanne, On n’arrête pas la connerie, Le Cherche Midi, 494 pages, 2010

Jean YANNE, 1933-2003

Bourru au grand cœur
Les années 1970 sont marquées par une explosion du spectacle vivant. Du théâtre du Soleil (crée en 1964 par Ariane Mnouchkine) au Grand Magic Circus de Jérôme Savary, les troupes se complaisent dans le mélange des genres (cirque, opéra, comédie, music-hall…) Savary c’est Zartan frère mal aimé de Tarzan, les Zazous, un Bourgeois gentilhomme à faire frémir Molière, un Offenbach revisité… « Moi qui aime tant la vie et qui n’espère en aucune autre, je mourrai avec beaucoup de tristesse. La seule vie qu’il y ait après la mort, c’est celle du souvenir qu’on laisse, les livres… ».

 

Dictionnaire amoureux du spectacle, Jérôme Savary, Plon, 557 pages, 2004

Jérôme SAVARY, 1942-2013

Le spectacle comme une fête
Le parolier des années 1970 et suivantes. En trente ans : 747 titres de chanson française. Amoureux de la vie, traversé d’envies et de nostalgie, jongleur de mots, inventeur d’un véritable langage. De « ce n’est rien » à « Niagara », il fût et demeure un sacré compagnon. Jamais son « cœur volcan » ne m’a quitté. « La lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malades…comme s’arrêterait l’Histoire…mon cœur , devenu vieux, bat lentement la chamade…la lave… »

Ph. Croc, E. Roda-Gil le maitre enchanteur, Flammarion, 280 pages, 2005

Un homme de paroles, 2014, Viva Productions

Lexique amoureux de Montauban

Etienne RODA-GIL, 1941-2004

Inventeur de langage